Alanguie sur un banc de bois, je me laisse porter, balancée par le wagon de la micheline qui serpente le long de la vallée de la Bruche. Je vois défiler des maisons aux toits de tuiles rouges. Elles se succèdent presque identiques et j’ai l’impression de feuilleter un album de cartes postales. Rien n’a changé, tant mieux ! Les villages se lovent toujours aux pieds des pentes paresseuses des Vosges. Parfois, résonnent les haches des scieurs ou le cri étouffé d’un sapin qu’on abat. J’ai quatorze ans, je viens de passer sept ans au Maroc. Revenir à Mönschenreid, chez mes grands-parents, c’est retrouver l’odeur d’un bouquet d’enfance, une étreinte de bruyère et de résine.